Voute épaisse, voute fine,suite …
Reste à observer les conséquences, des fissures ou microfissures des fours bâtis ainsi, sur la cuisson du pain. Un boulanger découvrant mon four m’avait posé la question : « est-ce que ton four est étanche ? ». Le manque d’étanchéité de la porte de mon four m’avait également alerté et j’ai évoqué ce sujet de l’étanchéité d’un four, nécessaire au moment de la production de buée (10 premières minutes de la cuisson), dans une autre partie du forum :
viewtopic.php?f=2393&t=11505#p180455
Je décris ici comment j’ai résolu, pendant la construction, le problème des microfissures. Pour un four jointé à la terre argileuse, j’ai préféré utiliser une autre façon de dérhumer le four.
Les briques ayant été peu humidifiées (trempage de quelques minutes seulement), et les joints de terre ayant un petit volume, j’ai éclairé mon premier petit feu une semaine après la pose de la clé de voute (attention, l’utilisation du gabarit tournant laisse le dessous de la voute se ventiler pendant tout le montage ; l’utilisation d’un tas de sable imposerait une attente plus longue). Le jour suivant un feu beaucoup plus important, avec l’intention de provoquer les microfissures « naturelles » de la coupole. Le mortier de terre crue n’étant collant que lorsqu’il est mouillé, il a laissé la coupole se dilater de façon uniforme, provoquant des fissures bien mieux réparties, invisibles à l’œil nu et plus équilibrées que les claquages ultérieurs lézardant la coupole. Commentaire qui me rassure : si le four s’était écroulé à ce moment-là, ce ne serait pas la faute de mon dérhumage musclé, c’est qu’il était mal construit … (il me semble entendre ceux qui toussent en me lisant ; pourquoi tu tousses Tonton ?)
Gonflée comme méthode … sauf que si la description, ci-dessus, du calage des briques est juste, alors la stabilité de forme garantit le maintien de la structure qui vient de gagner en mobilité.
Reste à réaliser l’étanchéité de la coupole
Ce sont des couches de terre (moins de 3cm d’épais en tout) qui vont empêcher la vapeur d’eau de s’échapper, sans être un obstacle à l’évacuation de l’humidité du four.
La première couche tartinée à la main, à peine sèche, un nouveau feu est éclairé pour que la dilatation de la coupole repousse un peu la couche de terre encore humide pour créer l’espace nécessaire à la voute chaude. Cette couche de terre se fissure, le four est utilisé ainsi plusieurs fois sans isolant.
S. d’Ornano dit : «
Le mortier de terre crue s’applique en plusieurs passes. On attend que chaque couche fasse son retrait avant d’appliquer la couche suivante ; ainsi, chaque couche bouche les fissures de la couche précédente. On laisse chaque couche rugueuse pour améliorer l’accroche entre couches. »
J’ai recommencé 3 fois comme la première couche, en utilisant le four entre 2 couches. La 3ème couche est étanche.
Une couche de finition, plus souple, achetée (chez « AKTERRE » près de chez nous ;
https://www.akterre.com/accueil.html ) garantit l’étanchéité.
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C’est finalement de la laine de roche qui isolera le tout.
C’est efficace un four à voute épaisse ?
Alors, après avoir constaté que les fours à voute mince fonctionnaient très bien, même pour un utilisateur intensif, est-ce un inconvénient de bâtir, soi-même, un four à voute épaisse ?
On pourrait dire : les anciens ont fait comme ça, c’est donc mieux que ce qui est moderne. Méfiance avec cet argument, ils ont fait comme ils ont pu avec les matériaux dont ils disposaient.
Pour répondre à la question (est-ce un inconvénient de bâtir, soi-même, un four à voute épaisse ?) je réponds NON. Je propose un premier argument qui me semble important : «
la technique de construction est accessible à un constructeur novice guidé par les membres du forum et/ou les infos disponibles dans ce même forum ». Vu le prix des fours du commerce et le plaisir de réaliser un si beau projet, si vous en avez envie, ne vous en privez pas.
Quand aux performances de ces fours je n’ai personnellement que le témoignage de l’utilisation de mon propre four, c’est un peu léger, mais tous ceux qui en ont un semblable peuvent témoigner à leur tour.
J’ai déjà évoqué le comportement de mon four dans une rubrique du forum :
viewtopic.php?f=353&t=11989&start=90#p180275 ainsi que dans mon fichier de présentation du four. Je résume :
Mon four a une sole de 1,10 m de diamètre
Ecart de tps entre le départ du feu et le début de la cuisson : 2h40
Durée pendant laquelle j’alimente le feu : 1h20 (la voute est blanche depuis au moins ¼ d’heure quand j’arrête d’alimenter le feu)
Durée pendant laquelle je laisse la braise : 35 mn
Une fois la braise enlevée la sole est à plus de 330° (thermomètre laser) ; il faut attendre pour enfourner …
Moins d’une brouette de bois de pin pour le chauffer ainsi.
Les temps de chauffe sont raisonnables, la consommation de bois aussi.
Le pain est parfaitement cuit, mais en aucun cas je ne pourrais enchaîner d’autres fournées de pain comme le fait Momo, la température ayant trop baissé. Pour un usage domestique c’est bien suffisant. Je pense que si je devais faire plusieurs fournées il faudrait prolonger la flambée, la voute épaisse devrait pouvoir stocker suffisamment de chaleur, ce qui semble logique, c’est la bonne capacité de stockage des voutes fines qui est plus surprenant.
La qualité de la cuisson du pain dépend peut-être aussi de la présence des briques et de leur façon de « rayonner » sur les pains ; pour ceux qui sont intéressés par le rayonnement d’un four :
viewtopic.php?f=353&t=11989&start=90#p180275
Enfin, important, il fonctionne depuis un an et demi, une fournée de pain chaque semaine, rien n'a bougé, la voute vue de dessous est conforme aux photos du début.
Que vous ayez envie de construire ou d’acheter un four, il serait peut-être alors plus judicieux, pour un usage familial de bien choisir la bonne surface de sole plutôt qu’une voute épaisse ou fine.
Un trop grand four sera trop long à chauffer, nécessitera trop de bois. Un four trop petit sera parfois limite, mais à l’usage conviendra mieux qu’un trop grand … à débattre sur le forum …